Pénurie de vaccins : y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Prises d’assaut dès le lancement de la campagne de vaccination contre la grippe, les pharmacies n’auront pas suffisamment de doses pour vacciner la population cible. La faute à l’imprévoyance des pouvoirs publics et aux labos qui distribuent au compte-gouttes.

À peine la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière était-elle lancée que, déjà, de nombreuses pharmacies étaient prises d’assaut. Pour la seule journée du 13 octobre, date du lancement de la vaccination, 2,2 millions de doses de vaccins ont été délivrées en officine dont 400 000 directement administrées par les pharmaciens aux patients. Résultat : en une semaine, près de 60 % des pharmacies, réparties sur l’ensemble du territoire, étaient en rupture de stock. Selon IQVIA, au 22 octobre, 6 millions de vaccins antigrippaux avaient été délivrés par les officines. Et 92 % des personnes auxquelles les pharmaciens ont délivré le précieux vaccin étaient porteuses d’un bon, soit 5,5 millions de personnes prioritaires. Comment en est-on arrivé là ?

L’an dernier, seulement la moitié des 16 millions de patients cible a été vaccinée. Cette année, les autorités scientifiques et médicales ont multiplié les appels à la vaccination précoce des personnes vulnérables, sans attendre le mois de novembre, dans le but de pouvoir discriminer plus facilement le syndrome grippal de la Covid. Et aussi dans le but d’éviter une saturation des hôpitaux avec des patients grippés qui devraient y être pris en charge en plus de l’afflux des patients Covid positifs.

La commande, pour l’ensemble de la campagne vaccinale 2020, a été fixée à 13 millions de doses au profit des pharmaciens, auxquels s’ajoutent 2 millions de doses pour le stock de l’État. Un stock qui reste virtuel. À ce stade, la France n’a toujours pas été livrée et reste en négociation avec des laboratoires, qui fractionnent leurs livraisons et surfent sur la concurrence à laquelle se livrent les pays entre eux pour acquérir le vaccin. Et sans compter sur les réserves de l’État, les commandes de vaccins ont été mal anticipées puisque seules 13 millions de doses ont été commandées pour 16 millions de porteurs de bon parmi les personnes fragiles.

À l’issue d’une réunion de crise au ministère, les laboratoires se sont engagés à poursuivre la livraison des doses commandées, et l’État distribuera en priorité son stock aux pharmacies en fonction des arrivages durant la semaine du 16 au 22 novembre. Le ministère de la Santé a demandé de limiter la délivrance des vaccins aux seules personnes cibles jusqu’à la fin du mois de novembre.

Il est clair qu’il n’y aura pas assez de vaccins pour les vacciner toutes et que les professionnels de santé vont se retrouver « secs » devant les demandes légitimes des populations hors-cible. Et cela d’autant plus que les pouvoirs publics se gardent bien d’en informer le grand public.

La situation de la France n’est malheureusement pas unique en Europe et des pays comme l’Allemagne sont également concernés.

Dans ce contexte, que peuvent faire les Idel ? La FNI estime que ce sujet n’est pas qu’une question de pharmaciens et qu’elle impacte l’ensemble des acteurs des soins de ville. En premier lieu, l’information doit circuler à l’échelle des territoires concernant les disponibilités afin de garantir la vaccination des populations cibles. Ensuite, la FNI a proposé au ministère de la Santé que des lots de vaccins, y compris à déconditionner, soient mis à la disposition des Idel volontaires pour permettre de vacciner plus et plus rapidement. Lors de la grippe H1N1 en 2009 ces grands conditionnements avaient permis aux laboratoires de fournir plus rapidement les vaccins pour vacciner massivement.

Au-delà, le défaut d’anticipation de cette campagne de vaccination de la part de l’État n’est pas un bon signal. La FNI s’interroge sérieusement sur la capacité des pouvoirs publics à anticiper et gérer la future vaccination contre la Covid, qui risque de se traduire par des demandes massives de la part des patients cibles et au-delà de la population. Il est urgent d’organiser un pilotage sérieux de la santé publique dans notre pays, et plus encore de la vaccination.

Mémo vaccination : quand et qui vacciner ?

Il est en effet excessivement important que les populations cibles bénéficient du vaccin afin de réduire les risques de comorbidité avec la Covid-19.

Mais vacciner massivement ne veut pas dire vacciner n’importe qui, n’importe quand.

Les Idel étant en première ligne pour cette opération, la FNI a décidé de publier un arbre décisionnel pour leur faciliter la tâche. Cet arbre décisionnel vient compléter le « Mémo Grippe saisonnière – Mémo infirmiers – 2020 » publié par l’assurance maladie sur Améli.fr :

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